Depuis peu, sur le bord de la route qui relie Orval à Virton, est apparu un petit bâtiment aux fenêtres ogivales. Apparu? Plutôt réapparu comme l’explique Marc Heyde: «Jusque dans les années 70, vous pouviez admirer un joli bâtiment. Construit à proximité de l’abbaye d’Orval, on aurait pu le prendre pour une chapelle de par la grâce de son architecture, ses fenêtres ogivales, son joli toit pointu et élancé recouvrant une construction symétrique s’intégraient admirablement dans le paysage. Il faisait partie de notre petit patrimoine. On guettait son apparition après un énième tournant…» Laissé à l’abandon, le bâtiment disparaît dans la végétation ne laissant finalement que ses fondations. Connu comme abri des promeneurs et des douaniers, il était pourtant un témoin de la prodigieuse histoire sidérurgique de l’abbaye d’Orval.

L’abri reconstruit évoque le prodigieux passé sidérurgique de l’abbaye d’Orval, qui, au XVIIe , était aussi riche que toutes autres abbayes belges[1]

L’âge d’or de la sidérurgie

Fin du XVIIe, Orval produisait, avec ses deux autres sites établis en France, la plus grande quantité de fer d’ Europe occidentale et l’abbaye était à elle seule plus riche que toutes les abbayes belges réunies. Les usines d’Orval procuraient du travail à des centaines de bûcherons, des dizaines de charbonniers, de charrons, d’ouvriers, et introduisit toute la région dans l’ère industrielle. Toute cette activité qui se traduit par la mise en action de pas moins de dix-huit roues à aube nécessite une force hydraulique conséquente. Les moines décident alors de créer une retenue d’eau supplémentaire sur le Courwez, un ruisseau venant de Limes. Une digue de 140 m est construite (entre la route actuelle et la frontière) créant ainsi étang imposant. Un nouveau moulin (Neufmoulin) s’ajoutera à l’ensemble ainsi qu’un petit bâtiment dévolu au responsable des vannes de ladite retenue. C’est ce bâtiment qui vient d’être reconstruit grâce à la volonté et la ténacité d’Aurea Vallis Villare. Quant à la retenue d’eau, elle disparaîtra en 1940 lorsque les soldats français feront sauter la digue pour empêcher le passage des troupes allemandes.

Circuit sidérurgique

Aujourd’hui, l’abri de Neufmoulin présente quatre panneaux didactiques expliquant la prodigieuse historie sidérurgique d’Orval, une taque en fonte prêtée par l’abbaye, une statue de la Vierge, le tout protégé par une grille en fer forgé.

Pour l’ASBL, l’aventure ne s’arrête pas là puisqu’elle projette de créer un circuit didactique dédié à l’activité sidérurgique à Orval.