Chaque année, plusieurs centaines de personnes se souviennent, à la même date, de la tragédie du bois du Banel

Le week-end dernier, la région de Florenville et celle de Carignan (France) se sont souvenues du massacre du bois du Banel. Le 18 juin 1944, plus de 2 000 soldats allemands entourent les 800 hectares de bois où sont réfugiés une poignée de résistants belges et français. Ils n’ont aucune chance de survie. Ces partisans sont torturés et tués. Un seul réussit à s’échapper. (NDLR: lire nos colonnes du mardi 10 juin). Septante ans déjà.

C’est Adelin Husson, originaire de Chassepierre et journaliste réfractaire à La Meuse Liège qui commandait le maquis. Depuis lors, on commémore ce triste événement à pareille époque. Le symbolisme de cette année «anniversaire» a été renforcé par la relecture du discours d’Odon Meunier, prononcé un an après la tragédie. «Mesdames et Messieurs, le sol que vous foulez en ces lieux est sacré. Il rappelle la fin tragique de héros. Ils ont lutté, ils ont souffert, ils ont offert le salut de leur vie. N’oublions jamais la leçon de patriotisme ardent et désintéressé qu’ils nous ont léguée dans la mort.» (17 juin 1945).

André Poncelet, Fernand Blaise, Armand Polèse et Casimir Rzepecki étaient massacrés. Adelin et son fils Jules qui s’était échappé de la Citadelle de Huy en juillet 1942 étaient abattus, ainsi qu’André Lejeune revenu dormir chez ses parents et Aimé Houlmont venu en renfort. Le corps d’Adelin Husson ne sera jamais retrouvé.

«C’est comme cela que les dictatures peuvent recommencer»

Autre moment fort de la cérémonie, Alfred Lejeune, sur les lieux ce dimanche de juin 2014, a fait lire une lettre poignante par sa petite-fille. À l’époque, le papa d’Alfred a été assassiné et son frère torturé: «J’avais onze ans. J’ai vu et vécu l’horreur de la guerre avec des yeux et un cœur d’enfant. J’en garde un pénible souvenir […] J’ai un sentiment de peine, sachant que des personnes sont tombées pour une propagande trop connue.»

À l’issue de la messe et de la cérémonie de commémoration, André Lejeune nous a confié une certaine pensée de tristesse et d’inquiétude: «Il faut être attentif. Ne pas être crédule, faire attention. C’est comme cela que les dictatures ont commencé et que de nouvelles recommencent.» Il faut avoir un regard rétrospectif sur l’histoire et en tirer des leçons.

Henri Meunier, le fils d’Odon qui à l’époque a hébergé Aimé Houlmont, le spécialiste radio du Banel, témoigne: «Il a été torturé pendant des heures parce qu’il refusait de dénoncer ma famille, qui l’avait hébergé. Ses tortionnaires brandissaient devant ses yeux la photo de son épouse et de ses jeunes enfants

Enfin, le Chant des Partisans, magnifiquement interprété par les Copains d’abord, reste d’une portée universelle et sa mélodie, qu’on la siffle ou la chante, est une évocation symbolique des mouvements dans l’ombre.